Habitat partagé : seniors et jeunes peuvent-ils cohabiter ?


PAR EMILIE DI VINCENZO
L’habitat partagé désigne une nouvelle forme de vie à plusieurs, bien loin de la simple colocation. En réalité, les constructions érigées dans cet esprit n’ont pas toujours pour objectif de réunir des habitants issus de générations différentes.
 
Avant toute chose, la priorité de la cohabitation est de créer du lien social tout en diminuant les frais de location. Mais certaines associations profitent de ce contexte favorable pour valoriser un véritable habitat transgénérationnel, permettant à tous de prétendre à une meilleure qualité de vie.
Dans un contexte de pénurie de logements, les solutions visant à loger plus de personnes dans des espaces moins gourmands en mètres carrés sont naturellement populaires. Mais avant de se lancer dans la vie à plusieurs, il est utile de connaître les différences principales entre les dispositifs existants. Cohabitation, habitat transgénérationnel: quelles différences ?

L’habitat coopératif ou cohabitation, une démarche écoresponsable

Au Luxembourg, l’habitat coopératif désigne avant tout un modede construction et un mode de vie, sans évoquer un profil de locataires. Concrètement, il s’agit de créer des bâtiments écologiques, dans lesquels on envisage un quotidien dirigé vers la valorisation du contact humain.
Sur le plan pratique, ces immeubles sont financés par une société coopérative à l’image du Collectif Ad-Hoc. Chaque membre est un propriétaire coopérateur: il participe à la vie dans la structure, mais ne peut envisager de revendre sa part sur la base de spéculations. Dénué de tout désir d’enrichissement financier, ce mode de vie est apprécié des personnes cherchant, dans un tout autre esprit, à s’épanouir sur le plan humain.

Un principe applicable pour des habitats transgénérationnels

Avec des conséquences dramatiques, la canicule de 2003 a éveillé de nombreux esprits: il est devenu indispensable, pour les jeunes, de protéger les populations les plus vulnérables – sachant que l’espérance de vie augmente régulièrement et que la part de personnes âgées grandit d’année en année.
Aujourd’hui, au Luxembourg et dans de nombreux autres pays, l’habitat transgénérationnel se développe. Son objectif principal est d’aider les personnes âgées isolées et de leur laisser un maximum d’indépendance, tout en proposant aux jeunes en mal de logement une alternative moins chère: les charges sont réduites dans ces ensembles résidentiels.

Les avantages de l’habitat partagé entre seniors et jeunes

Plusieurs années après la création d’associations comme Cohabit’AGE, des projets d’habitat partagé ont vu le jour. Habitat partagé, habitat participatif, habitat solidaire: les appellations sont nombreuses pour évoquer ce mode de vie permettant de mêler les générations entre elles.
Les éloges concernant cette typologie de logement ne manquent pas. Avant toute chose, on admire forcément les valeurs portées au sein même de ces immeubles: de la solidarité à la convivialité, en passant par la mixité générationnelle et l’éco-responsabilité.
Pour les résidents, la qualité de vie est au rendez-vous: des règlements intérieurs, écrits par les résidents coopérateurs, assurent l’épanouissement de chacun. La mise en place d’associations ou clubs thématiques permet aux plus âgés de s’occuper et de rencontrer
de nouvelles personnes. Enfin, pour les individus ayant des difficultés dans les tâches du quotidien, l’entraide constitue un excellent remède pour garder autant d’autonomie que possible.

Un mode de vie cohérent avec le contexte actuel

D’une façon générale, le contexte actuel complique la recherche d’un habitat: les logements sociaux se font de plus en plus rares, les loyers flambent et beaucoup de personnes subissent les conséquences d’un isolement trop important (solitude, endettement à cause des charges à payer chaque mois). Alors que beaucoup de personnes mélangent l’acquisition immobilière avec la spéculation, d’autres sont éprouvées par ce système et cherchent, à l’inverse, des constructions moins chères avec la possibilité de devenir acteur de sa propre vie. L’habitat partagé permet, en mettant en place un projet, de choisir les matériaux de construction ou encore l’architecture, avec les autres propriétaires coopérateurs. Compatible
avec la volonté de renforcer le lien social ou de vivre en respectant la planète, ce mode de vie tend à se développer.

Envisager l’habitat solidaire

Devant tous les avantages directement liés à l’habitat partagé, vous pouvez ressentir la tentation de vous intéresser de plus près à ce choix de vie. Avant toute chose, il est utile de penser aux limites liées à ces résidences transgénérationnelles, tout en vous demandant si votre profil coïncide bien avec le quotidien dans ces immeubles d’un nouveau genre. Premièrement, toutes les résidences partagées ne sont pas conçues de la même façon. Certaines prévoient une maison individuelle ou un appartement par famille tandis que, dans certains ensembles, la seule pièce dont l’habitant dispose entièrement est sa chambre. Avant de se lancer dans un tel projet de vie, il faut donc connaître ses besoins et savoir quel est le mode de cohabitation prévu dans la structure, pour bien vivre l’emménagement et s’adapter rapidement. Pour faciliter la vie à plusieurs, beaucoup d’établissements mettent en place un règlement intérieur. Cependant, cette pièce n’a rien d’obligatoire — même si sa réalisation est fortement conseillée. Ainsi, pour se prémunir des problèmes liés à la vie commune, pensez toujours à prendre connaissance de la charte de l’habitat partagé dans lequel vous envisagez de vivre.

Deuxièmement, qui peut vivre en habitat partagé ?
Si les limites de l’habitat partagé existent, elles restent faciles à prévoir et tout le monde peut opter pour l’habitat partagé. Naturellement, les seniors sont particulièrement ciblés par ce dispositif. Totalement indépendants et en bonne santé ou malades et ayant besoin d’aide régulièrement, ils peuvent tous s’installer dans cette résidence et compter sur une solide logique d’entraide – sachant que les autres occupants ne peuvent, naturellement, jamais se substituer à des soins médicaux. Et pour respecter l’aspect transgénérationnel de l’habitat partagé, il faut également trouver des jeunes. Les étudiants ne sont pas les seuls à pouvoir résider dans ces immeubles ou ensembles de maisons: des familles, jeunes actifs ou couples sans enfants sont également en mesure d’apporter leur pierre à l’édifice. Toutes origines sociales, tous âges et toutes nationalités confondues, l’habitat partagé accepte de nombreux profils, ce qui fait sa richesse. D’ici quelques années, ce mode de vie devrait gagner en popularité, en accord total avec le contexte économique et social de l’époque.