Savez-vous planter des choux … à la mode sur le toit ?

Prenez de la hauteur

Savez-vous planter des choux … à la mode sur le toit ?

Aménager un potager sur le toit est devenu un projet domestique courant, vivement encouragé en milieu urbain.

L’amélioration des matériaux et techniques d’étanchéité a depuis quelques temps stimulé la multiplication des toitures plates dans nos régions. Leurs avantages pèsent de plus en plus lourd dans la balance lorsqu’il s’agit de choisir entre le traditionnel toit à versants ou une toiture plate qui offrira quant à elle un espace de vie supplémentaire à l’abri des regards et du tumulte de la vie urbaine. 
Car moyennant certaines conditions architectoniques, une toiture plate permet désormais l’aménagement d’une terrasse ou d’un potager, ce qui, au sein des métropoles noyées par le bitume, frôle l’excellence du confort urbain.

De plus en plus de projets en matière d’agriculture urbaine

Les jardins sur le toit en milieu urbain ont actuellement la cote. Plusieurs projets se sont développés dans différents endroits du monde pour promouvoir l’agriculture urbaine et contribuer ainsi à l’amélioration de la qualité de vie au sein des villes. Le Grand-Duché du Luxembourg n’est pas en reste et participe activement avec l’Espagne, la France, l’Allemagne et la Belgique au projet GROOF (Greenhouses to Reduce CO2 on Roofs) qui vise à réduire les émissions de CO2 par l’installation de serres sur les toitures des bâtiments. La serre expérimentale SOTA (State Of The Art) qui a vu le jour sur le toit de l’IFSB (Institut de Formation Sectoriel du Bâtiment) à Bettembourg profitera très prochainement de l’énergie résiduelle du bâtiment, des eaux de pluie et d’une combinaison de techniques dépourvues de pesticides pour faire pousser près de dix tonnes de plantes parmi lesquelles des salades, des tomates, des fraises et plantes aromatiques. 
A l’initiative de l’asbl ATP (Association d’aide par le travail thérapeutique pour personnes psychotiques), le projet d’économie circulaire « Multilité » a par ailleurs permis la construction d’une autre serre de 100 m2 dont l’ouverture est prévue prochainement sur le toit du restaurant de Kehlen.

Un coin à soi plus près des étoiles

S’inspirant de ces projets, les citadins gagnent à profiter de leur toit pour y installer un confortable lieu de vie en-dehors du stress de leur métropole.  
A l’image de certains Parisiens, ils peuvent transformer l’espace de leur toiture en un environnement serein dont les couleurs vertes et boisées contrastent avec la grisaille du bitume et où la proximité des étoiles éloigne du bruit ambiant des rues. 

Des contraintes à identifier : poids, eau, vent 

Toutefois, avant d’entamer les travaux de réalisation d’un potager sur son toit, il faut au préalable vérifier avec un expert l’étanchéité et la capacité portante du toit de votre logement et s’assurer qu’il s’agit bien d’une toiture verte « intensive » permettant l’aménagement d’un jardin complet. 
En effet, seul ce type de toiture l’autorise contrairement aux toitures vertes « extensives » dont la fine couche de terre permet uniquement la culture d’herbes et de plantes grasses ou aromatiques et y restreint autant que possible l’accès aux piétons. 
Le dispositif d’arrosage ressemble à celui de tout potager, mais sur le toit, ce système doit également contribuer au stockage d’une réserve suffisante à la survie des plantes en période de dessèchement tout en favorisant une évacuation suffisante de l’eau de pluie excédentaire. 
Enfin, dans les hauteurs, si la pollution devient moins dangereuse, elle délaisse sa place d’ennemi numéro un au vent. Le futur jardinier devra dès lors veiller à un positionnement optimal de ses plantations pour éviter trop de dégâts.

Les atouts d’un potager sur le toit

Outre les bienfaits sensoriels qu’offre un coin bucolique au sein de sa demeure, le potager sur le toit présente de nombreux atouts environnementaux, économiques et sociaux.
Tout d’abord, il est prouvé qu’une toiture verte régule naturellement la chaleur à l’intérieur de l’immeuble et contribue à combattre le réchauffement climatique en luttant contre les îlots de chaleur urbains. D’autre part, un immeuble dont le toit est recouvert de verdure profite d’une meilleure isolation acoustique. Autre point écologique important, les plantes, les légumes et la verdure d’un toit récupèrent l’eau de pluie diminuant ainsi le volume évacué par les égouts. 
Les potagers sur les toits en milieu urbain encouragent la biodiversité et recréent des écosystèmes qui avaient disparu de nos villes. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir proliférer les installations de ruches sur les toitures plates. 
En outre, la multiplication des potagers sur les toits d’immeubles favorise la réduction de la distance entre la production et la consommation dans la chaîne alimentaire au sein des villes. Plutôt que de démarrer la voiture pour aller acheter au supermarché des fruits et légumes issus de contrées lointaines, il suffit de cueillir sa propre récolte en grimpant sur le toit de l’immeuble. Moins de pollution, plus de vitamines ! 
Par la même occasion, le lien social entre les habitants d’un même bâtiment se trouve renforcé par une activité commune et un partage d’expériences horticoles dans un endroit dont les charmes surpassent de loin ceux d’un couloir, d’un escalier ou d’un ascenseur : le coin du potager.
                            
Par Nathalie Cailteux
Photos : Shutterstock et Pixabay