Tatiana Fabeck

On devrait remercier les gens capables de fantaisie, ayant ce don particulier, celui de donner vie et poésie à l’endroit où ils ont choisi d’écouler leurs jours. Tatiana Fabeck est de ces gens-là et nous a permis de découvrir son lieu de vie. Précieux et inspirants moments dans un endroit à nul autre pareil.

Texte : Alix Bellax
Photos : Mathieu Freund-Priacel

 


 Caresses esthétiques.

Un jardin bucolique d’inspiration anglaise et puis, à l’intérieur, des pièces qui se suivent sans tout à fait se ressembler, un parfum délicat et des murs brossés à la chaux laissés en l’état par la maitresse des lieux. Et puis, ici et là, des inspirations multiples : l’Afrique et ses tissus précieux, les œuvres d’artistes que Tatiana Fabeck affectionne, les trouvailles provenant de chez un antiquaire ou d’un retour fructueux d’un dimanche à chiner… Dans cette maison qui est la sienne depuis une vingtaine d’années, attenante à son cabinet - Fabeck Architectes - et avec vue sur le château de Koerich, la dame des lieux nous reçoit.

 


« Quand je suis arrivée ici, il m’a semblé que l’âme des lieux était tel qu’il n’était pas nécessaire de rénover en profondeur. » ; « Ici les choses bougent, évoluent, au gré de mes trouvailles et envies du moment. »


 Plusieurs mondes en un.

La visite débute par l’ancien fumoir, lieu douillet où les journées d’hiver doivent s’écouler de façon bien agréable. Tatiana sourit : « Quand je suis arrivée ici, il m’a semblé que l’âme des lieux était tel qu’il n’était pas nécessaire de rénover en profondeur. » Les talents de décoratrice de l’architecte ont fait le reste pour signer un intérieur qui parle de sa personnalité iconoclaste : kilims turcs, jarres provenant de Grèce, dénichées chez un antiquaire et reçues en cadeau pour ses 30 ans, coussins réalisés dans des tissus africains, tout ici a une histoire et l’on est loin de ces espaces épurés et vaguement interchangeables.

 


Les attraits d’une bonne acoustique.

Notre visite nous mène à l’étage, dans ce salon blanc, écrin pour une plénitude assumée : « J’avais envie d’une pièce plus lumineuse qu’elle ne l’était à l’origine. C’est un endroit où nous nous retrouvons pour lire et regarder la télévision. Je l’ai voulue monochrome, toute blanche… jusqu’à la moquette ! Il fallait oser mais vous constaterez qu’elle ne se salit pas tant que cela (sourires) et - bonus -, la moquette est parfaite pour absorber les bruits. L’acoustique est un élément incontournable pour bien se sentir, je suis ici comme dans une bulle, un endroit idéal pour se ressourcer. »

La grange, pièce maîtresse.

D’ici nous avons une vue plongeante sur la grange où mon fils s’est créé (et continue d’ailleurs !) des souvenirs impérissables avec ses amis. C’est véritablement son fief et je ne doute pas, après ses jeunes années où j’y ai organisé tous les goûters d’anniversaire de ma fille, que celle-ci suivra l’exemple de son frère. L’attrait de cette grange est qu’elle forme un espace tampon entre la partie bureau de Fabeck Architectes et la maison. C’est l’endroit où petits et grands se retrouvent pour festoyer sans avoir peur de faire de quelconques dégâts (sourires). »

 


La vie est mouvement.

On l’a bien compris, la maison vit et rien n’est ici figé : « J’aime les mélanges de genres et même si je ne me lasse pas des choses, j’apprécie de les voir bouger, évoluer, s’accorder entre elles au gré de mes trouvailles et envies.  De fait, chaque objet a son histoire et correspond à un moment précis de ma vie. On peut prendre en exemple ces deux colonnes portugaises achetées à Paris. Elles changent régulièrement de place dans la maison pour, à chaque fois, un effet différent. »

Propos sur la luminosité.

« La lumière, tant naturelle qu’artificielle, est essentielle. Je ne suis pas une grande aficionada des éclairages au milieu d’une pièce, je note d’ailleurs que cela peut ruiner les effets escomptés. En revanche, je mets un point d’honneur à traquer les sources de lumière naturelle qui, elles, ont le pouvoir de tout sublimer. Du reste, pour les espaces de travail, l’éclairage naturel est vital. Mais s’il faut se résoudre à des éclairages artificiels, les innovations permettent maintenant des tonalités du chaud au froid, du blanc au jaune. Si la réflexion autour des éclairages d’un lieu a été bien organisée, on peut même avoir l’impression d’un éclairage à la bougie avec des leds ! 

 


De bois et d’acier.

Sur la question des matériaux, Tatiana Fabeck est intarissable et ne mâche pas ses mots : « Je les aime pour leur essence intrinsèque. Les matériaux dont on ne sait pas exactement de quoi ils sont faits me posent problèmes. J’aime caresser les murs en chaux de la maison, dans mon travail je privilégie le bois qui attire enfin le public à la hauteur de ses atouts. La filière acier est également intéressante : dans son état brut, c’est un matériau qui m’inspire et qui permet d’innombrables réalisations.  Presque tout ce que nous avons inséré dans la restauration du château de Koerich est en acier. C’est un matériau pour lequel je milite fortement, qui mérite d’être mis en avant. Je dirais pour finir qu’en terme de chaleur des espaces de vie, il y a des progrès tous azimuts et c’est heureux. »

Force est de constater que cette chaleur pour laquelle notre hôtesse milite avec goût est, en son lieu de vie, un pari relevé haut la main pour le plus grand bonheur du rare et chanceux visiteur…