Une tour de Babel à Luxembourg

Chez Daniel et Brigitte Tesch, on est clairement dans le rêver plus que dans le rénover. Le couple a acquis un terrain à Merl il y a une dizaine d’années et s’est employé à en faire un lieu à nul autre pareil. Le challenge n’a pas été simple mais le résultat est là. Ici et là, des détails qui disent la vie des Tesch. L’Angleterre, le Brésil et les souvenirs de voyages colorent et impriment aux lieux une identité à nulle autre pareille !

Brigitte, architecte d’intérieur, curatrice et commissaire indépendante, parait si petite au pas de sa porte si majestueuse mais nul doute, c’est bien elle la maitresse des lieux ! Tout ici témoigne d’un univers onirique. La porte d’entrée a été réalisée selon les plans de Victor Nunes, « un ébéniste fantastique dont on ne peut malheureusement plus profiter du talent car il est devenu professeur » et la petite fenêtre a été fabriquée avec des restes de garde-fous provenant des puces de Clignancourt.

De construction contemporaine, la maison offre pourtant la sensation d’être une vieille demeure, quelque chose comme si une hacienda s’était mélangée avec une demeure typiquement britannique.

Du reste, le ton est donné dès la porte de garage. Brigitte Tesch raconte : j’ai eu cette idée, sur cet espace ordinaire, de laisser le champ libre à un artiste. Mon choix s’est porté sur Eric Mangen. Joli clin d’œil : après avoir réalisé son travail, le jeune homme m’a transmis les amitiés de sa maman… avec laquelle j’étais en classe, petite. Small Luxembourg…  « Quoi qu’il en soit, ma porte de garage commence à être connue », sourit Brigitte.

En pénétrant dans la maison, l’œil frôle l’entorse à vouloir repérer tous les détails. Ici une guirlande lumineuse qui met en valeur une statue en bois, là, une table de salon en forme de livre géant, des ex-voto ramenés du Brésil où le couple a vécu plusieurs années et tant de détails british nichés ici et là. Brigitte Tesch en a conscience, son style est à nul autre pareil. Notre blonde Luxembourgeoise assume pleinement cet état de fait.

La maitresse des lieux nous entraine dans la cuisine. Les lustres de la cuisine ont été pensés et élaborés par Daniel, à base de couverts et de passoires. Les pieds de l’immense table du déjeuner sont tous différents. Les panneaux recouvrant les portes de placard sont issus d’un procédé tenu secret mais du plus bel effet, qui reprend les dessins de la vie brésilienne coloniale selon l’artiste Jean-Baptiste Debret.

Ecolos avant l’heure, les Tesch s’emploient depuis bien longtemps à récupérer et donner une seconde voire une troisième vie, aux objets. Dans l’escalier qui mène au premier étage, le lustre vaut le détour : il est composé d’un samovar provenant de chez un antiquaire d’Amsterdam. De vieilles tringles à rideaux, des lanternes brésiliennes, un vieux lampadaire marocain et une attache de récupération, composent un ensemble qui ressemble follement à ses propriétaires. Une chance, d’ailleurs, Brigitte et son époux Daniel partagent la même vision de la décoration.

Après avoir caressé les poignées de portes, toutes en cornes d’animaux, on pénètre dans des pièces aux volumes importants, véritable parti pris qui permet aux deux enfants du couple de disposer de mini appartements quand ils reviennent au bercail.

Last but not least, on passerait bien au petit coin juste pour faire sortir du mur, le lavabo escamotable, pièce métallique encastrée et qui provient du wagon de première classe d’un train de nuit. Le petit cochon qui porte l’essui tout à côté n’a pas l’air de s’être remis de tant de fantaisie.

« Nous étions tous les deux d’accord sur le style unique à donner à notre intérieur et depuis 26 ans, cela dure ». A la question de savoir quels sont maintenant les projets, Brigitte, pleine d’humour en plus de sa fantaisie, déclare : « changer la déco de la maison en zen minimaliste ».